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FIN DE MISSION AU VIETNAM, ENTRETIEN AVEC L’AMBASSADEUR FRANCAIS NICOLAS WARNERY

L’ambassadeur Nicolas Warnery a pris ses fonctions au Vietnam le 5 septembre 2019. Près de quatre ans plus tard, il s’apprête à achever sa mission et en débuter une nouvelle en Roumanie. Lepetitjournal.com Vietnam a

L’ambassadeur Nicolas Warnery a pris ses fonctions au Vietnam le 5 septembre 2019. Près de quatre ans plus tard, il s’apprête à achever sa mission et en débuter une nouvelle en Roumanie. Lepetitjournal.com Vietnam a échangé avec lui sur les relations bilatérales, les défis à venir, la communauté française au Vietnam et son lien avec ce pays.

Bonjour Nicolas Warnery, merci de répondre aux questions lepetitjournal.com de Hanoi. Comment évaluez-vous les relations bilatérales entre la France et le Vietnam ? 

Ce qui me frappe d’abord, c’est l’extrême variété des relations entre nos deux pays. Il y a d’abord le dialogue politique, sur tous les sujets diplomatiques internationaux et multilatéraux : la guerre en Ukraine, la situation en mer de Chine méridionale… Il y a aussi tous les sujets liés aux échanges économiques de toutes natures mais aussi l’immense champ de la coopération culturelle. Le développement enfin, qui est maintenant très axé sur le climat, depuis les travaux des instituts de recherche avec une trentaine de chercheurs jusqu’à l’action de l’Agence française de développement pour lutter contre le changement climatique et ses effets. Tout cela représente une extraordinaire richesse. Cette année, nous fêtons les 50 ans des relations diplomatiques entre la France et le Vietnam et également les 10 ans de partenariat stratégique. C’est donc une année clé. Les échanges reprennent, après la pandémie, mais aussi les visites de haut niveau.

Nous avons essayé de faire une programmation la plus riche possible pour refléter la variété de notre coopération, et ce, dans tous les segments. 

Quels sont les projets de coopération franco-vietnamiens les plus importants ou les plus prometteurs selon vous ?

Le projet du métro, le plus aidé de toute l’histoire de notre coopération : plus de 500 millions d’euros de prêts du Trésor et de l’AFD. Ce projet est important selon moi, car symbolique. Il représente une volonté commune d’accompagner Hanoi vers une modernisation et une ville plus durable, faisant face aux chocs climatiques.

Le métro d’Hanoi est aussi une vitrine du savoir-faire technologique français : plusieurs entreprises françaises y participent. Nous qualifions ce projet d’emblématique, par son volume et par son importance. 

Le projet « une seule santé » est fondamental également. C’est avant tout de la recherche, mais aussi des actions concrètes. Après la pandémie, nous avons considéré comme important qu’il y ait un continuum entre la protection de l’environnement, la santé animale et humaine. En Asie, ces recherches sont essentielles pour l’avenir de l’homme parce que les concentrations démographiques sont fortes. Si nous n’agissons pas, nous pouvons encore craindre les maladies d’animaux sauvages, aviaires etc… 

Il y a un autre projet essentiel et symbolique, à la fois pour les Français et les Vietnamiens : la préservation du patrimoine architectural de l’époque française. A Hanoï, nous avons assisté à de belles réalisations, dont le bâtiment pilote (une villa aux coins des rues Tran Hung Dao et Hang Bai) rénové, entre autres, par la région Ile de France pour en faire un centre culturel autour des questions de patrimoine. D’autres opérations de restauration sont envisagées, comme celle du Pont de Long bien.

Au même titre que la tour Eiffel est un symbole vertical français, le Pont de Long Bien est un symbole horizontal vietnamien. Depuis 2004, nous sommes très motivés à aider les Vietnamiens à le consolider pour préparer l’avenir. Ces décisions appartiennent aux autorités vietnamiennes, nous nous tenons à leur disposition. 

Quel est votre point de vue sur les défis mondiaux auxquels est confronté le Vietnam aujourd’hui et notamment du climat. Récemment, Jonathan Pincus, économiste principal au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estimait que « Le changement climatique est actuellement le plus grand défi de développement auquel le Vietnam est confronté ».

Oui en effet, il y a notamment trois manifestations très fortes de cette vulnérabilité. L’enfoncement des Deltas, l’érosion côtière sur certaines portions de la côte vietnamienne, et les crues qui font des victimes à l’intérieur des terres. Le Vietnam est souvent considéré comme l’un des cinq pays les plus affectés par le changement climatique.  Les autorités vietnamiennes sont pleinement conscientes de cette réalité. L’AFD travaille avec elles pour leur apporter une expertise et des financements. Beaucoup d’actions sont menées dans le Delta du Mékong notamment pour consolider les berges. Il y a aussi des actions dans le Delta du Fleuve Rouge, avec un barrage écluse qui vise à réguler la montée des eaux à l’intérieur des terres. L’AFD lutte aussi contre l’érosion côtière à Da Nang, Hoi An et Cà Mau, et contre les crues au moment de la saison des pluies, notamment à Dien Bien Phu. 

Vous arrivez à la fin de votre mission au Vietnam. Quels sont les principaux défis auxquels votre successeur va faire face selon vous ?

Mon successeur va arriver au dernier tiers de la célébration des 50 ans des relations diplomatiques, une dynamique bilatérale. Son défi, comme tout ambassadeur qui prend ses fonctions, est de réfléchir à ce qu’il peut apporter de nouveau, mais aussi à la manière dont il peut relancer les actions, avec un angle de vue différent. Cela coïncide avec la volonté française de reprendre les visites de haut niveau et les contacts, surtout avec l’arrivée récente d’un nouveau Président vietnamien. Il y a donc cette volonté d’enclencher un nouveau cycle et de tourner définitivement la page de la pandémie. Et, évidemment, il faut concrétiser les projets dont nous avons parlé précédemment.  

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la communauté française au Vietnam ? 

Il y a les gens de passage, qui sont là pour quelques années et pour une mission précise. D’autres s’installent ici, soit parce qu’ils ont créé une activité, soit parce qu’ils trouvent un conjoint et forment ainsi un tandem France-Vietnam. Ils apportent beaucoup à la relation bilatérale. Je suis venu pour la première fois au Vietnam en 1997, j’ai un lien familial avec le pays. Avec mon épouse, nous avons quelques amis qui, eux, sont là depuis 30 ans et ont un lien plus puissant avec le pays que le simple fait d’y travailler. C’est très impressionnant de les écouter et voir tout ce qu’ils ont pu apporter au Vietnam, que ce soit dans l’agroalimentaire, la gastronomie, le textile, le droit, la santé… La communauté française est bien intégrée. La plupart de ses membres souhaitent passer leur vie ici, avec quelques retours en France.

Je veux leur rendre hommage, j’ai beaucoup d’estime, d’admiration et d’amitié pour ces « ambassadeurs » de la France ici, au Vietnam.   

dienhai.nguyen@free.fr

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