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Revue de presse Agent orange / Février 2023

Sélectionnée par Francis Gendreau Les plaies jamais refermées de la sale guerre du Vietnam 02/02/2023 https://www.lamarseillaise.fr Le comité varois de l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) invite à venir rencontrer et débattre le 27 février, à La Valette, avec la résistante

Sélectionnée par Francis Gendreau

Les plaies jamais refermées de la sale guerre du Vietnam

02/02/2023

https://www.lamarseillaise.fr

Le comité varois de l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) invite à venir rencontrer et débattre le 27 février, à La Valette, avec la résistante Tran Ton Nga, victime de l’épandage de la dioxine sur la piste Hô Chi Minh qui se bat en justice pour faire reconnaître la responsabilité des entreprises américaines.

Thierry Turpin

Notre comité varois de l’Association d’amitié franco-vietnamienne a déjà 12 ans d’existence », commence la présidente Danielle De March en rappelant qu’il avait été créé par solidarité avec les enfants, victimes innocentes de cette guerre coloniale engagée par les USA contre un tout petit pays, le Vietnam, sur lequel d’ailleurs ils ont déversé pendant ces 10 ans de guerre plus de bombes que celles reçues sur toute l’Europe pendant la Deuxième guerre mondiale. Des enfants qui, pour la quatrième génération, continuent de lourdement pâtir de l’épandage de 80 millions de litres d’herbicides déversés plus particulièrement de la dioxine tristement connue sous le nom de « l’agent orange ».

« Le combat pour la paix reste d’une grande actualité aussi bien en Palestine qu’en Ukraine »,

rappelle l’ancienne vice-présidente communiste du Parlement européen, qui note qu’avec le retour de la guerre sur le sol européen, « le gouffre des désastres s’est rouvert ».

« Une héroïne qui continue le combat en 2023 »

Le comité varois invite le 27 février à une matinée débat et un repas solidaire* au restaurant « Les gueules Cassées », à La Valette, en compagnie de Tran To Nga, la résistante vietnamienne qui a engagé un procès international, dont le premier acte s’est déroulé le 10 mai 2021, contre 11 sociétés américaines, dont Monsanto-Bayer et Dow Chemical, qui ont fabriqué et livré à l’armée américaine le poison répandu sur les terres et les populations. « Une pluie noire qui a l’a atteinte sur la piste Hô Chi Minh où elle a tenu des postes », précise Danielle De March. Son fils y perdra la vie.

Et de poursuivre : « Elle viendra nous donner des informations de première main sur le procès en cours ainsi que sur le Vietnam d’aujourd’hui et les centres d’enfants handicapés tenus par la Croix- Rouge vietnamienne qu’elle visite régulièrement. »

André Touvier évoque « une femme extraordinaire d’une dignité extraordinaire qui n’a aucun esprit de revanche ». Une héroïne dont la mère a été enterrée vivante par la police du Sud, ajoute-t-il.

« C’est d’ailleurs sa mère qui a donné, à celle qui continue en 2023 le combat d’indépendance de son pays, le goût de la vie militante », précise Danielle De March.

Les militants ont également évoqué hier matin quelques-unes des très nombreuses actions de solidarité menées par le comité varois depuis 12 ans pour venir concrètement en aide à tous ces enfants vietnamiens atteints dans leur chair, lourdement handicapés ou atteints de cancer, comme l’achat, grâce au lancement d’une souscription, d’un troupeau de vaches destiné à un village du Sud

pour permettre l’accès à la viande fraîche et au lait de la population mais aussi afin de créer plus de solidarité. Une école maternelle pour les enfants handicapés par la dioxine a également été construite ainsi qu’une de réserve d’eau potable.

*Pour s’inscrire : Tél. 06.82.83.73.49 gcasolari83@gmail.com

Le drapeau Vietcong sur Notre-Dame de Paris

Noé Graff

06/02/2023

https://lecourrier.ch

Trois activistes vaudois opposés à la guerre du Vietnam déployaient le drapeau vietcong sur la flèche de Notre-Dame de Paris, dans la nuit du 18 au 19 janvier 1969. Au bout de cinq décennies d’anonymat, les auteurs de ce coup d’éclat l’ont mis en livre en reliant l’action à son contexte. Récit par l’un des protagonistes.

Il y a un demi-siècle, Noé du POP, «Bacchus» des Jeunesses socialistes et «Olaf», chrétien tiers-mondiste, qui allaient six mois plus tard rejoindre la Ligue marxiste révolutionnaire, se mirent en tête de couronner Notre-Dame de Paris de la bannière du Front national de libération (FNL) du Sud-Vietnam (le «Vietcong»), à l’ouverture des négociations quadripartites de Paris sur le Vietnam, en janvier 1969. Que visions-nous par cet acte qui le distinguerait d’une simple anecdote spectaculaire?

La reconnaissance du FNL certes, mais aussi la marginalisation politique du pouvoir répressif et servile de Saïgon: le régime «fantoche» accusa le FNL d’avoir commandité une «profanation» de Notre-Dame; il fut débouté par l’évêque lui-même, qui démentit le lendemain – l’édifice appartient à la France et seul l’intérieur est sacré.

L’acte déclarait son sens par lui-même, indépendamment de qui l’avait commis. Le déclencheur pour livrer cette histoire fut l’incendie de Notre-Dame en avril 2019. La chute vertigineuse de la flèche en feu nous rappela pourquoi nous l’avions escaladée. Pas facile aujourd’hui de dire pour quoi, question qui tient dans un titre intelligemment provocateur de The Economist du 28 avril 2005: «Vietnam:

America lost, capitalism won» [l’Amérique a perdu, le capitalisme a gagné]. Autre incitation à raconter: quelques jours après l’incendie de 2019, Nhân Dân l’organe officiel du Parti communiste vietnamien, affirma que la présence de la bannière du FNL au sommet de Notre-Dame devait figurer parmi les événements majeurs vécus par l’édifice dans son histoire pluriséculaire. Loin de nous était cette idée, mais elle est pertinente dans la mesure où ce patrimoine mondial de l’Unesco fut porteur d’un symbole de résistance universelle à la domination coloniale et impérialiste à un moment clé de l’histoire.

Une caractéristique des stigmates durables de la guerre du Vietnam, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale, est l’agent orange, puissant désherbant et défoliant chimique développé par Monsanto. 70 millions de litres furent dispersés sur les forêts et cultures du Sud-Vietnam. Il contient une forte concentration de «dioxine de Seveso» (50 fois plus élevée que dans le produit à destination agro-industrielle). La dioxine se lie fortement aux récepteurs intracellulaires, accédant au noyau des cellules où l’ADN est localisé. Aujourd’hui encore, au Vietnam, 6000 bébés naîtraient chaque année avec des malformations.

L’une des victimes fut Tran To Nga, agente de liaison du FNL. En 2014, elle a porté plainte contre Monsanto et 13 sociétés impliquées pour faire reconnaître la responsabilité de ces sociétés armées de bataillons d’avocats. Nous consacrons l’entièreté de nos droits d’auteurs au soutien à sa cause.

En 1986, onze ans après la victoire non partagée avec le FNL, le pays réunifié précipitamment se trouve au bord de la famine – l’ancien Premier ministre Pham van Dong dira «mener une guerre est simple, mais diriger un pays est difficile». A cette époque se situe la croisée des chemins, avec l’introduction d’une «économie de marché à orientation socialiste», le Dôi Moi (renouveau). En six ans, le Vietnam devient le 3e exportateur mondial de riz et s’ouvre largement au capital international avec ces problèmes inhérents: exploitation des matière premières exportées brutes,force de travail éduquée mais non qualifiée.

Ironiquement, l’adhésion en 2007 du Vietnam à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), institution éminemment capitaliste, posa problème car les critères liés aux droits du travail n’étaient pas satisfaits (avec un seul syndicat au niveau national, bien incapable de traiter tous les conflits, d’où des milliers de grèves sauvages). Les entrepreneurs peuvent adhérer au Parti communiste, tout comme les membres du parti s’investir dans une activité productive privée, avec une inhérente tendance au népotisme. La question de la croisée des chemins aujourd’hui peut se poser ainsi: la dérive de la composition sociologique du parti et de l’Etat tend-elle vers celle d’un nouveau dragon capitaliste à gouvernance despotique? Ou le peuple, objet de la «Constitution du peuple par le peuple et pour le peuple», peut-il encore en devenir le sujet? Le général Giap faisait un constat pessimiste de la situation, peu avant son décès en 2013.

Y aurait-il quelque chose à retenir de notre acte ultraminoritaire pour les problèmes et luttes d’aujourd’hui? Exemple précoce de désobéissance civile, il se distingue d’autres actions minoritaires contemporaines telles que pratiquées par la Rote Armee Fraktion (RAF) et les Brigades rouges en ce que sa nature, certes transgressive, ne mit en danger que ses auteurs, et qu’en satisfaisant la règle des trois unités, il fut l’expression singulière d’un vaste et long mouvement international de protestation et de solidarité.

Bernard Bachelard, Noé Graff, Olivier Parriaux, Le Vietcong au sommet de Notre-Dame, Favre, 2023.

Histoire vivante: guerre du Vietnam, la lutte contre l’agent orange continue

Ancienne militante au Front national de libération, Tran To Nga se bat pour les victimes de l’agent orange

17/02/2023

https://www.laliberte.ch

Pascal Fleury

Témoignage » Elle a souffert corps et âme du terrible agent orange, ce défoliant contenant de la dioxine dont 80 millions de litres ont été déversés sur le Sud-Vietnam jusqu’en 1971 par les troupes américaines.

La militante du Front national de libération (FNL) Tran To Nga se bat aujourd’hui contre 14 firmes de la chimie pour que le «crime de l’agent orange» soit enfin reconnu et que les victimes soient dédommagées. Rencontre, à l’occasion d’une tournée de la dynamique octogénaire auprès de ses sympathisants suisses.

Dès la fin de vos études de chimie à Hanoï, où votre mère vous avait envoyée enfant pour vous protéger de la guerre, vous avez rejoint le maquis au Sud-Vietnam. Pour quel engagement?

Tran To Nga: J’aurais pu poursuivre mes études universitaires en Union soviétique, mais je rêvais de rentrer au Sud-Vietnam pour combattre pour l’indépendance, la liberté et le bonheur avec ma mère et mes sœurs. J’ai marché durant quatre mois, la «flamme au cœur», pour rejoindre le quartier général du FNL à Tây Ninh. J’aurais dû être placée comme enseignante dans une zone libérée, mais

les bombardements américains et les regroupements forcés de population ont anéanti ce projet. Je me suis alors engagée comme journaliste pour l’Agence de presse de la libération du Sud-Vietnam, puis comme agent de liaison pour le FNL.

Vous étiez sous les bombes?

Les bombardements étaient très fréquents sur tout le territoire du Sud. J’étais constamment exposée, que j’aie été avec l’armée, en mission ou dans le maquis. Les bombardiers B-52 lâchaient des masses de bombes. Dans les abris, on était secoué comme dans des hamacs. Les avions déversaient aussi du défoliant, l’agent orange. Cet herbicide visait à détruire la jungle, où se cachaient les résistants vietcongs, et les cultures.

«La première fois que j’ai été contaminée, c’était en décembre 1966» Tran To Nga

Le gouvernement Nixon avait interpellé plusieurs multinationales, Monsanto, Dow Chemical, Hercules et d’autres. Ces dernières ont affirmé qu’elles ne pouvaient pas produire rapidement du défoliant en éliminant la dioxine, mais elles ont tout de même répondu à l’appel d’offres. La première fois que j’ai été contaminée, c’était en décembre 1966, dans un maquis proche de Saïgon.

Les avions lâchaient de la poudre blanche. Avec l’humidité, elle se transformait en un liquide très gluant qui faisait tousser, était très irritant pour la peau, provoquait des diarrhées et de fortes démangeaisons.

Avez-vous pris conscience du danger pour votre santé?

Non, pas vraiment, bien que j’aie été chimiste. Mais j’ai observé que 2 heures après l’épandage, les feuilles des arbres commençaient déjà à sécher. Quand en 1968 ma fille aînée est décédée, à 17 mois, d’une malformation grave du cœur, je me suis accusée d’avoir été une mauvaise mère.

Comme de nombreux anciens combattants, qui ont mis au monde des enfants sévèrement handicapés, j’ai aussi pensé, par superstition, que c’était une punition pour le mal commis durant une vie antérieure.

«J’ai développé cinq des pathologies officiellement liées à la dioxine, dont un cancer du sein et un diabète de type 2» Tran To Nga

Ce n’est qu’en 2008, en découvrant d’autres cas, que j’ai compris que je pouvais avoir été victime de cet agent orange. Mes deux autres filles ont aussi des problèmes de cœur, de même que leurs enfants. Pour ma part, j’ai développé cinq des pathologies officiellement liées à la dioxine, dont un cancer du sein et un diabète de type 2. L’analyse de mon sang a révélé la présence d’une dose assez élevée de dioxine. Le crime de l’agent orange, c’est que les maladies se transmettent entre générations.

C’est alors que vous avez décidé de porter plainte…

Les anciens combattants américains victimes de l’agent orange ont obtenu des indemnités pour 180 millions de dollars à la suite d’accords à l’amiable. En 2009, ayant la nationalité française, j’ai décidé d’attaquer les multinationales impliquées en profitant du «droit de compétence universelle» qui, en France, permet d’intenter une action en justice pour des faits commis hors de France par des étrangers. Avec trois avocats bénévoles, dont William Bourdon, je me suis retrouvée face à 38 avocats devant le tribunal d’Evry! Entre avril 2016 et janvier 2021, nous avons eu 19 audiences, avec un grand écho médiatique. La plainte ayant été jugée irrecevable par le Tribunal de grande instance, nous avons fait recours devant le Tribunal d’appel de Paris. Le verdict est attendu pour 2024.

Vous gardez espoir?

Notre objectif de mise en lumière du «crime de l’agent orange» a déjà été atteint. Notre lutte est même devenue un modèle pour la jeunesse qui se bat pour le climat et l’environnement. En France, des jeunes ont d’ailleurs fondé le collectif Vietnam-Dioxine. J’appelle cette relève «ma jeune armée»! J’ai aussi lancé plusieurs projets d’aide aux victimes au Vietnam, avec des ateliers pour les personnes handicapées et une formation pour les orphelins, afin de leur rendre leur dignité. L’un des projets est soutenu par l’association Suisse-Vietnam. Je ne vais pas baisser les bras!

Tran To Nga, Ma terre empoisonnée, Editions Stock, 2016.

dienhai.nguyen@free.fr

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