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Tête de chèvre !

Petite faim à la mi-journée, alors je déboule dans un resto vietnamien le long de Kim Ma. À deux pas de chez moi, quartier de Ba Dinh, au centre de Hanoï. Trois ou quatre restos à

Petite faim à la mi-journée, alors je déboule dans un resto vietnamien le long de Kim Ma. À deux pas de chez moi, quartier de Ba Dinh, au centre de Hanoï.

Trois ou quatre restos à la suite, je choisis celui qui me semble le plus propre, en plus vu de loin les serveuses améliorent le décor. Après, il faut s’asseoir sur des chaises minuscules, avec des tables basses pour bébés. Ensuite, il faut encaisser tous ces sourires et ces formes généreuses qui viennent papillonner autour de vous. Il faut encore expliquer ce que l’on veut manger, ce qui relève de la mission impossible puisque personne ne parle le moindre mot d’anglais et que tout est marqué en vietnamien dans le menu.

J’essaye tant bien que mal d’expliquer que je voudrais de la viande, si possible cuite, et puis du riz. Pour toute réponse, je me prends une nouvelle rafale de sourires. J’aurai pu rester des heures à les regarder me sourire comme ça et à se tortiller autour de moi, mais j’avais faim.

Surgit alors derrière moi un jeune qui propose de m’aider à commander, dans un anglais approximatif mais compréhensible, voyant que les choses n’avancent pas, il m’invite à partager la table qu’il occupe avec trois de ses amis. Proposition immédiatement acceptée, refuser aurait été un affront.

Mes nouveaux amis

Et je découvre alors quatre jeunes vietnamiens, trois garçons et une fille superbe, tous très vifs et sympathiques. Dans la foulée, et en attendant que ce que j’ai plus ou moins commandé arrive, ils m’invitent aussi à partager leur repas.

Mon regard se pose sur ce qui se passe devant moi. Au milieu de la table, sur un feu mobile, une grande marmite bouillonne, avec des trucs dedans ! Les trucs habituels ici, légumes, tofu, épices, feuilles parfumées, nouilles de riz et tout un tas de choses pas forcément très identifiables, et puis de la chair.

Et c’est là que ça se complique en général. Mais je n’ai pas le temps de me poser trop de questions, car la conversation bat son plein avec mes nouveaux amis, qui me servent une bonne portion, et j’apprends dans le même temps qu’ils sont en train de monter une petite école d’anglais.

La chair a l’air bonne, belle couleur, pas trop grasse. Ils vont m’inviter à l’inauguration de leur école ! Je goûte la chair avec du bouillon pour faire passer, on n’est jamais trop prudent. Ils aiment aussi le football. C’est bon, mais bizarre ! J’avale la chair en deux temps, après une pause inutile, mon voisin me demande si j’aime Nicolas Anelka (un footballeur international français, NDLR). Le bouillon a un drôle de goût aussi.

Curieusement, je ne cherche pas à savoir tout de suite de quoi il s’agit. À ce moment-là, je pense de toute façon que c’est du bœuf, du bœuf bizarre, mais du bœuf.

Ils me servent du thé chaud au maïs, pourquoi pas.

Un drôle de bœuf

La conversation reprend, et je reprends du bœuf. Sauf que ce n’est pas du bœuf. La question rituelle pour savoir si je trouve ça bon me met la puce à l’oreille, si c’était du bœuf, on ne me poserait pas la question.

Je dis que je trouve ça bon. Même si je ne vais pas me faire la semaine avec ça. Mes nouveaux amis sont satisfaits, heureux de partager un repas avec moi. En Asie, c’est important le partage d’un repas.

Le courant passe bien entre nous, malgré la différence de culture ou d’âge. Ils sont déjà très matures et je suis un faux adulte.

Je me décide alors à poser la question pour savoir ce que je venais de manger. Étonnement général, ils pensaient sans doute que je savais. L’un d’eux me demande de me retourner et je découvre sur un des murs un dessin d’une immense tête de… chèvre ! Seul signe compréhensible au milieu des signes vietnamiens. C’est donc la spécialité maison.

Ma semaine culinaire continuait, après le rat d’hier, aujourd’hui de la chèvre : Lâu Dê (fondue de chèvre).

Après tout, j’ai toujours adoré le fromage de chèvre. Au moins maintenant, j’aurais vraiment honoré l’animal pour de bon !

Bruno Laurant

dienhai.nguyen@free.fr

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