Au Vietnam, le temps suspend son vol dans des établissements de luxe associant héritage colonial et traditions locales
Du littoral méridional aux montagnes du Nord, de Hô Chi Minh-Ville à Hanoi, quatre fleurons de l’hôtellerie vietnamienne entretiennent le souvenir d’une Indochine mondaine et langoureuse. Palace historique de Hanoi, le Metropole reflète l’excellence d’une hôtellerie
Du littoral méridional aux montagnes du Nord, de Hô Chi Minh-Ville à Hanoi, quatre fleurons de l’hôtellerie vietnamienne entretiennent le souvenir d’une Indochine mondaine et langoureuse.

Après un siècle d’occupation française, dix années de guerre avec les États-Unis et quinze d’isolement communiste, le Vietnam vit désormais à l’heure du Doi Moi. Symbole éclatant de ce « Renouveau », Hô Chi Minh-Ville est une synthèse surprenante de régime socialiste et d’économie de marché. La mégalopole du Sud croque la modernité à pleines dents et assume sans pudeur son désir de consommer. Les multinationales s’y installent. Les gratte-ciels y poussent comme des champignons. Pour autant, ses larges avenues restent un joyeux capharnaüm où quelques bribes d’Indochine accrochent encore tous les regards.

N’en déplaise à l’oncle Hô, la poste centrale reste une des perles de l’architecture coloniale de Saigon. - Jean-Claude Urbain
La capitale économique du pays n’est jamais aussi séduisante que lorsqu’elle renoue avec son passé. À la terrasse de l’hôtel Continental, Hô Chi Minh-Ville redevient Saigon, « le Petit Paris d’Extrême-Orient ». Au temps de « la Belle Colonie », son cœur battait dans la rue Catinat. Bordée de boutiques de luxe et de cafés branchés, l’artère rebaptisée Dong Khoi s’étire de la cathédrale Notre-Dame jusqu’à l’ancien quai de France. Entre ces deux extrémités, de vénérables édifices de couleur crème témoignent des fastes de l’Indochine : la poste centrale à charpente métallique signée Gustave Eiffel, l’hôtel de ville de style néo Renaissance, ou encore le théâtre municipal, qui jouxte le Continental.

L’hôtel Continental et le théâtre de Saigon, à l’ancien carrefour des intrigues coloniales. - Jean-Claude Urbain
Ses chambres aux lourds meubles vernissés et aux balcons en fer forgé ont quelque chose de suranné. Mais cet hôtel mythique, édifié en 1880, a longtemps compté parmi les plus chics de toute l’Asie du Sud-Est. Durant la première moitié du XXe siècle, les écrivains voyageurs y avaient leurs habitudes parmi l’internationale des correspondants de guerre. André Malraux en parle dans ses Antimémoires. Et Graham Greene en fait le lieu central de son Américain bien tranquille. Aujourd’hui, on ne s’y retrouve heureusement plus pour échanger des nouvelles du front, mais pour partager un apéritif en planifiant la suite du périple.
Immersion culturelle
On croirait avoir changé de pays ! Loin des artères bruyantes de Hô Chi Minh-Ville, sur un pan encore secret du littoral annamite, le Bãi San Hô déploie une élégance folle dans l’intimité d’une péninsule isolée entre collines verdoyantes et plage de sable blond. Inauguré en 2020, cette nouvelle adresse du groupe français Zannier Hotels invite à prendre le temps de respirer. Ici, le voyage devient une expérience sensorielle, quasi-mystique. Le mot d’ordre de l’établissement : la discrétion. Discrétion dans le service, dans l’intégration au paysage et dans le luxe, qui s’exprime sans artifices par l’espace et la qualité des prestations.

Chaque villa du Bãi San Hô possède sa propre piscine et sa vue de rêve sur la baie immaculée. - Jean-Claude Urbain
Niché au creux d’une baie corallienne privée, ce domaine de presque 100 hectares possède soixante-treize villas, connectées aux espaces communs par un service permanent de voiturettes électriques. Les toits de chaume, les murs en terre, les piliers en bois et l’ameublement chiné ne relèvent pas du folklore décoratif, mais d’un respect profond du patrimoine local. Différents styles architecturaux se côtoient : maisons de pêcheurs, au plus près de la plage, longues villas sur pilotis, à flanc de colline, et logements ruraux, en harmonie avec les rizières environnantes. Côté gastronomie, trois restaurants offrent autant d’expériences culinaires, déclinées autour des recettes traditionnelles, de la pêche du jour et des produits cultivés dans le potager biologique de l’hôtel.

Inspiré des salles communautaires de l’ethnie Bahnar, le restaurant Bà Hai illustre l’engagement du groupe Zannier pour les cultures locales. - Jean-Claude Urbain
Le domaine abrite un centre de bien-être dont les pavillons proposent massages, bains et rituels inspirés de l’ayurvéda. Mais l’essence du lieu ne réside pas seulement dans ses prestations d’exception. Ce qui fait du Bãi San Hô une destination à part, c’est son lien intime avec son territoire. En effet, Zannier Hotels a su tisser de solides partenariats avec les communautés locales : des guides natifs des villages environnants animent des excursions confidentielles vers des marchés paysans, des fermes piscicoles, des salines, des ateliers de confection de nasses de pêche… Selon la saison, il est même possible de participer à la plantation du riz.
Morceau d’histoire
Moins démonstrative que sa grande sœur du Sud, Hanoi conserve un charme de bourgade provinciale. Dans le vieux quartier de la capitale politique, les venelles portent le nom des corporations qui s’y activent depuis des siècles : rue des Vanniers, des Orfèvres, des Médicaments, mais aussi des Cercueils, des Voiles, des Pinceaux… L’air sent la saumure, le nuoc-mâm et la citronnelle. Coiffeurs et pédicures officient sur les trottoirs, entre des gargotes où l’on avale de savoureuses soupes sur de minuscules tabourets en plastique. Valse des scooters. Et partout, de petites grands-mères qui se frayent un passage, paniers de légumes en équilibre sur l’épaule.

Promenade préférée des amoureux, le pont rouge du lac Hoàn Kiêm est un des emblèmes du vieux centre de Hanoi. - Jean-Claude Urbain
Entre le fleuve Rouge et le lac de l’Ouest, les quartiers résidentiels s’apprivoisent en cyclo-pousse. Dans des avenues moites et feuillues croulent de vieilles bâtisses coloniales, toutes flanquées du drapeau vietnamien. Les garages de voiture côtoient mille pagodes. Ici, l’ancien pont Paul Doumer. Là, le mausolée d’Hô Chi Minh. On peut poursuivre à pied, du vénérable temple de la Littérature jusqu’aux berges animées du lac Hoàn Kiém. À quelques pas de là, le Bamboo Bar du Metropole invite enfin à se détendre sous d’énormes ventilateurs au rythme nonchalant. Un voyage dans le temps commence alors. Car ce palace français de 1901 n’est pas qu’un simple hôtel. C’est un témoin vivant de l’Indochine.

Le Metropole de Hanoi fait partie du cercle prestigieux des Historic Hotels Worldwide. - Jean-Claude Urbain
Premier établissement de la collection « Legend » du groupe Sofitel, le Metropole pousse le raffinement à l’extrême. Le ton est donné dès le lobby de son aile historique baptisée « Heritage ». Ici, l’élégance européenne épouse à la perfection la sensibilité asiatique. Chaque détail contribue à créer une atmosphère feutrée, presque cinématographique. Ce n’est donc pas un hasard si le lieu a séduit Charlie Chaplin, Jane Fonda, Angelina Jolie ou encore Barack Obama. En tant que Président américain, ce dernier dut être ému par la visite de l’abri antiaérien où journalistes et diplomates se réfugiaient pendant la guerre du Vietnam. Redécouvert en 2011 sous les fondations du Bamboo Bar, ce bunker a notamment abrité Joan Baez le soir du Réveillon 1972. Une expérience que la chanteuse a fait entrer dans la légende à travers son poème antimilitariste Where are you now my son ?
Havre de paix
Les 57.000 tonnes d’agent orange déversées par l’armée américaine durant la guerre n’ont pas seulement disséminé la population du Vietnam. Elles ont aussi ravagé sa nature. Aujourd’hui, des entreprises privées l’aident à restaurer sa biodiversité. Aux confins du Laos, non loin de la funeste cuvette de Diên Biên Phu, l’Avana Retreat est ainsi bien plus qu’un resort de luxe. C’est un projet culturel et écologique global, dont le travail minutieux de replantation des espèces indigènes lui vaut d’être classé parmi les sites écoresponsables les plus remarquables de la planète.

L’hôtellerie de luxe peut incarner une forme d’harmonie entre l’homme et la nature. - Jean-Claude Urbain
Disséminées à travers ce sanctuaire tropical, trente-six villas sur pilotis ont été construites selon les techniques vernaculaires des Thaï et des Hmong. Ces deux ethnies comptent parmi les cinquante-quatre minorités qui peuplent les hauteurs du nord Vietnam. Dans un pays en pleine mutation, ces montagnards mettent un point d’honneur à préserver leur originalité. Chaque groupe ethnique, et même sous-groupe, possède son propre dialecte et son style vestimentaire. La distinction entre Thaï blancs et Thaï noirs renvoie ainsi à la couleur de leurs tuniques. Les femmes Hmong qui ornent leurs jupes de couleurs sont dites « fleuries ». Ces dernières partagent leur art du batik, une technique de décors géométriques à base d’indigo, à l’occasion de rencontres, vivantes et sans artifices, au sein de l’Avana.

Pique-nique cinq étoiles dans les rizières de l’Avana Retreat. - Jean-Claude Urbain
L’âme de ce domaine haut de gamme réside dans une philosophie ambitieuse : faire du tourisme un levier de conservation, de transmission et de développement durable. L’Avana Retreat s’inscrit en effet dans une dynamique communautaire : la majorité de ses effectifs, formée sur place, est recrutée dans la vallée de Mai Châu. Une fondation finance par ailleurs l’accès à l’éducation, la rénovation architecturale et les microprojets agricoles des villages voisins.
Le paysage de l’établissement lui-même est devenu un chantier d’écologie appliquée, avec la reconstitution de rizières en terrasses, cultivées à leur profit par les Hmong. Au crépuscule, lorsque le chant des grenouilles résonne à travers champs, l’Avana Retreat devient cet espace de résonance entre le voyageur, la nature et l’Histoire. La démonstration parfaite des équilibres retrouvés.
Y aller
Les ressortissants français n’ont pas besoin de visa pour un voyage touristique au Vietnam n’excédant pas 45 jours.
Depuis l’aéroport Paris CDG, Vietnam Airlines programme une liaison par jour vers Hanoi et quatre par semaine vers Ho Chi Minh-Ville. Ces vols d’environ 12 heures sont assurés en Airbus A350-900 de dernière génération, conjuguant confort, silence et faible empreinte carbone. En classe Économique, les passagers y bénéficient d’un espace optimisé et de repas aux saveurs vietnamiennes. Pour arriver à destination parfaitement reposé, la classe Business ajoute des sièges transformables en lits horizontaux et des menus gastronomiques.
Grâce au programme « Train + Air », en partenariat avec Air France et la SNCF, la compagnie propose également des départs de Lyon, Bordeaux, Nice et 23 autres villes de province via Paris.
Vietnam Airlines programme par ailleurs des liaisons quotidiennes depuis ses deux hubs nationaux vers les aéroports de Qui Nhon et de Tuy Hoa permettant de rejoindre ensuite l’hôtel Zannier Bãi San Hô en plus ou moins une 1h15 de route.
Jean Claude Urbain
20 minutes