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Le long chemin qui mène au 30 avril 1975 – chapitre 4

Nous vous proposons de revoir l’histoire de la Guerre contre l’agression du Vietnam par l’armée américaine (1954-1975) en 6 chapitres. Nous nous sommes largement inspirés sur les articles publiés par Le Petit journal (Site des

Nous vous proposons de revoir l’histoire de la Guerre contre l’agression du Vietnam par l’armée américaine (1954-1975) en 6 chapitres. Nous nous sommes largement inspirés sur les articles publiés par Le Petit journal (Site des résidents français à Ho Chi Minh Ville).

Đoàn Kết

1972. Voilà sept ans que les soldats américains ont pris pied au Vietnam, en principe pour aider le régime de Saïgon à contenir une « rébellion » armée communiste. Voilà sept ans, aussi, qu’ils pataugent dans les jungles et les rizières et que ni les hélicoptères, ni le napalm, ni même l’agent orange, ce puissant défoliant utilisé pour débusquer l’ennemi, ne permet d’avancées réelles. Voilà sept ans, surtout, qu’ils se délitent et s’abîment dans un combat sans issue, qui les fait douter d’eux-mêmes et des valeurs du « monde libre » qu’ils sont supposés incarner.

A Washington, le Président Richard Nixon, investi en janvier 1969, a bien compris qu’il fallait absolument sortir les Etats-Unis du bourbier vietnamien. Aussi a-t-il lancé et fait accélérer la « vietnamisation », qui consiste en un retrait progressif des forces américaines au profit d’une armée sud-vietnamienne renforcée. Mais Nixon a aussi ordonné à son conseiller à la sécurité nationale, Henry Kissinger, d’entamer avec les représentants de la République démocratique du Vietnam, des négociations, lesquelles négociations ont lieu à Paris.  

Richard Nixon sait bien que cette question du désengagement des Etats-Unis va être cruciale pour sa réélection au mois de novembre. Il en est d’autant plus conscient que l’opposition à la guerre est de plus en plus marquée au sein de la population. Et le fait est qu’en 1972, il ne reste que très peu de soldats américains au Vietnam (à peu près 24.000), au grand dam du président sud-vietnamien, Nguyen Van Thieu, qui sent bien que ce retrait fragilise son armée et donc son régime.

Il faut dire qu’à Hanoï, le décès d’Ho Chi Minh, en septembre 1969, n’a en rien entamé la détermination des dirigeants à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés et dont ils n’ont jamais dévié : la libération et la réunification de tout le Vietnam, depuis la frontière avec la Chine jusqu’à la pointe de Ca Mau.

Dès le 30 mars 1972, l’armée populaire de libération, lance une grande offensive qui va rester dans l’histoire sous le nom de « l’été en feu ». Le but n’est pas forcément d’en finir une bonne fois pour toute, mais plutôt de conquérir des territoires, d’affaiblir l’armée sud-vietnamienne et surtout d’arriver en position de force à la table des négociations, à Paris, où l’on sent bien qu’un dénouement est proche.

Cette offensive, va surtout se concentrer autour de Quang Tri, qui va être le théâtre de combats particulièrement acharnés, de Kon Tum et de Loc Ninh, au nord-est de Saïgon.

Quang Tri, 1972

La petite fille au napalm

Mais cette année 1972 va aussi être marquée par un autre évènement, ou plutôt par une publication, celle d’une photo prise au mois de juin, à Trang Bang, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Saïgon, par un certain Nick Ut, qui réalise là le cliché de sa vie.

Qu’y voit-on, sur cette fameuse photo ? Des enfants qui courent sur une route, victimes d’une erreur de cible lors d’un bombardement au napalm. Parmi eux, une petite fille éplorée, brûlée au troisième degré, toute nue et les bras en croix : Pham Thi Kim Phuc, qui va devenir, bien malgré elle, une véritable icône.

La photo, publiée notamment par le New York Times, le New York Daily News et le Los Angeles Time, ne va pas tarder à faire le tour du monde et à symboliser à tout jamais « l’enfer du Vietnam ».

La petite fille au napalm


Faut-il le préciser ? Le cliché va avoir un impact décisif sur l’opinion américaine, qui plus que jamais, va vouloir qu’on en finisse avec le Vietnam.

Il illustre aussi, ce cliché, le rôle qu’auront joué les médias dans cette guerre du Vietnam. Jamais un conflit n’avait été autant médiatisé jusque-là. Mais en laissant les journalistes opérer très librement, beaucoup plus librement en tout cas que dans toute autre guerre, l’armée américaine a pris un risque : celui de voir l’opinion se retourner contre elle.

Diplomatie

A Paris, les pourparlers avancent. Les négociations, qui avaient été rompues au début de l’offensive de l’été 1972, ont repris le 13 juillet. Cette fois, Henry Kissinger est pressé d’en finir : les élections présidentielles approchent à grand pas. Les discussions vont finalement aboutir, le 8 octobre, à un premier projet d’accord.

Mais ce premier projet, qui prévoit entre autres le retrait définitif des forces américaines ne fait pas l’affaire du président sud-vietnamien. Nguyen Van Thieu se doute bien que si son armée est privée du soutien aérien américain, elle ne pèsera pas très lourd face aux divisions nord-vietnamiennes. Richard Nixon va donc s’employer à le rassurer en lui promettant un soutien inconditionnel et des représailles massives en cas d’attaque du Nord.

A Washington, Nixon met en avant la perspective d’une « paix honorable » et se garantit ainsi une réélection triomphale au mois de novembre : il remporte en effet 48 des 50 Etats.

Fort de ce plébiscite, le président américain décide d’employer la manière forte pour contraindre Hanoï à accepter de signer un traité défavorable au Nord-Vietnam et au Front national de libération.

Hanoï sous les bombes

Du 18 au 29 décembre 1972, l’armée américaine lance une campagne de bombardements massifs par des B52 sur Hanoï et les principales villes du Nord : c’est l’opération Linebacker II.

Pendant dix jours, la capitale nord-vietnamienne est ainsi prise sous un déluge de bombes. Une grande partie de la population a été évacuée dans les campagnes avoisinantes, mais pour les personnes qui se retrouvent prises au piège, ces jours et surtout ces nuits, vont rester comme l’un des paroxysmes de la terreur. S’il s’agit en principe, pour les bombardiers américains, de viser les infrastructures militaires, ce sont des quartiers entiers qui sont détruits. L’hôpital Bach Mai, l’un des plus importants de la ville, est presque complètement détruit.

Mais les Nord-Vietnamiens résistent farouchement comme ils ont toujours su le faire et au total 81 avions ennemis seront abattus dont 34 B52, ce qui permettra aux autorités de présenter cette lutte anti-aérienne contre une grande victoire, et de la célébrer comme un « Dien Bien Phu aérien », en référence à bataille désormais mythique de 1954.

« Nixon, tu dois payer ta dette de sang »

Les accords de Paris

Cette fois, il n’est plus question de tergiverser et le 27 janvier, dans les anciens locaux du ministère de la défense, avenue Kléber, les accords sur la fin de la guerre et le rétablissement de la paix au Vietnam sont enfin signés, par les Etats-Unis et la République démocratique du Vietnam, mais aussi par la République du Vietnam, qui s’y résout à contrecœur, et par le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, qui fait ainsi un pas vers la reconnaissance.

Que prévoient-ils, ces accords ? Le retrait définitif des forces américaines encore présentes au Vietnam dans un délai de 60 jours, en échange de la libération, par Hanoï, des prisonniers de guerre (essentiellement des pilotes d’avions). Dans le Sud-Vietnam, un Conseil national de réconciliation et de concorde composé de représentants du régime de Saïgon, de membres du Gouvernement révolutionnaire provisoire doit voir le jour et préparer des élections générales.

Pour le Nord, un point essentiel est acquis : le départ des Américains. Pour le reste, la question se règlera tôt ou tard.
Les Américains vont de fait amorcer leur retrait, qui sera définitif le 29 mars. « Vous avez mon assurance d’une assistance continue dans la période post-règlement et que nous répondrons avec toute la force si le règlement est violé par le Vietnam du Nord », avait écrit Nixon à Thieu, au début du mois de janvier.

Les soldats américains quittent le Vietnam


Quelques mois plus tard, en octobre, Henry Kissinger et Le Duc Tho se verront décerner conjointement le prix Nobel de la paix. Le second refusera, estimant que la paix, entière et complète n’est pas encore instaurée.

(à suivre)

dienhai.nguyen@free.fr

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