Les tarifs douaniers américains mettent à l’épreuve les entreprises vietnamiennes
Après la phase d’accélération des exportations avant l’entrée en vigueur de la nouvelle politique fiscale américaine qui entre en vigueur début août 2025, de nombreuses entreprises vietnamiennes commencent à ressentir une pression de plus en
Après la phase d’accélération des exportations avant l’entrée en vigueur de la nouvelle politique fiscale américaine qui entre en vigueur début août 2025, de nombreuses entreprises vietnamiennes commencent à ressentir une pression de plus en plus forte de ce marché.
Les droits de douane commencent à impacter les résultats : quelques exemples
Sur les neuf premiers mois de 2025, Sao Ta Foods a enregistré un chiffre d’affaires de 6 850 milliards de dongs (260,3 millions USD).
Depuis le mois d’août, l’entreprise a dû supporter près de 193 milliards de dongs (7,34 millions USD) de taxes compensatoires — un coût qui n’existait pas à la même période l’an dernier — ainsi que 98 milliards de dongs (3,72 millions USD) de droits antidumping et 60 milliards de dongs (2,28 millions USD) de droits compensateurs.
Au total, cela représente 13,34 millions USD, soit environ 5 % du chiffre d’affaires.
Chez Vĩnh Hoàn, la valeur des exportations de pangasius vers les États-Unis au troisième trimestre 2025 a chuté de près de 8 %, à 1 760 milliards de dongs (66,88 millions USD).
Avant l’application des droits (7 août 2025), le mois de juillet avait vu une hausse de 31 % des volumes exportés grâce à une accélération des livraisons, mais en août et septembre, les exportations vers les États-Unis ont respectivement reculé de 36 % et 27 % par rapport à l’année précédente.
De même, Nam Kim Steel a enregistré un chiffre d’affaires trimestriel (T3/2025) de 3 770 milliards de dongs (743,26 millions USD), en baisse de 27 %, et un bénéfice net de 49,5 milliards de dongs (1,88 million USD), en baisse de près de 24 %.
La demande affaiblie, combinée à la montée du protectionnisme commercial – notamment en provenance des États-Unis – exerce une forte pression sur les sidérurgistes dont l’activité repose principalement sur l’exportation.
Sur les neuf premiers mois de l’année, les revenus à l’export de Nam Kim Steel ont chuté de plus de 55 %, entraînant une baisse du bénéfice net à 207 milliards de dongs (7,87 millions USD), soit une réduction de plus de moitié.
Perspectives pour le quatrième trimestre : défis clairs, opportunités différenciées
La politique douanière américaine commence à se manifester non seulement dans les coûts et les commandes, mais aussi dans la capacité de résilience et de réorientation de marché de chaque entreprise.
Selon Vinatex, au cours des neuf premiers mois de l’année, l’impact des droits de douane est resté limité grâce à l’anticipation des commandes avant leur entrée en vigueur. Cependant, à présent, les effets se font nettement sentir sur l’activité de nombreuses entreprises.
Le quatrième trimestre 2025 pourrait voir une baisse marquée des commandes textiles vers les États-Unis, en raison de la combinaison entre les nouveaux droits de douane et le volume important de commandes passées au premier semestre.
Vinatex précise que, contrairement aux années précédentes où la plupart des entreprises avaient déjà bouclé leurs commandes jusqu’à la fin de l’année, voire jusqu’au premier trimestre suivant, cette année, la majorité des commandes sont signées au mois par mois, et certaines entreprises n’ont même pas encore de commandes suffisantes pour novembre 2025.
De son côté, Thành Công Textile se montre plus optimiste, annonçant avoir déjà reçu environ 76 % des commandes prévues pour le quatrième trimestre, une période traditionnellement marquée par une forte demande liée aux fêtes de fin d’année et au Tết.
L’entreprise estime que l’application par les États-Unis de droits compensatoires sur la plupart des grands pays exportateurs pourrait permettre une stabilisation rapide du marché d’importation.
Avec un droit compensatoire de 20 % sur les produits vietnamiens, dont le textile, ce taux reste plus compétitif que ceux imposés à la Chine ou à l’Inde.
Par ailleurs, Thành Công Textile et de nombreuses autres entreprises du secteur accélèrent la diversification de leurs marchés vers l’Union européenne, le CPTPP et le RCEP afin de tirer parti des accords de libre-échange.
« Nous espérons qu’au quatrième trimestre 2025, le secteur textile vietnamien en général, et Thành Công en particulier, bénéficieront de nouveaux avantages et verront les commandes repartir à la hausse », déclare l’entreprise.
Secteur des produits de la mer : des défis plus marqués
Les entreprises du secteur de la pêche devraient être encore plus touchées, avec un ralentissement des commandes américaines, une hausse des coûts de conformité et de taxation, et une concurrence accrue de fournisseurs alternatifs.
Selon Shinhan Securities, les résultats de Sao Ta Foods pourraient stagner après le 15 octobre, date à laquelle le département du Commerce américain doit publier sa décision finale sur les droits antidumping le 9 décembre.
Lors de la 19ᵉ révision, le taux préliminaire de ces droits s’établissait à 35,29 %.
S’il est maintenu, l’entreprise ne récupérerait pas 42 milliards de dongs(1,6 millions USD) et devrait verser environ 300 milliards de dongs supplémentaires (11,4 millions USD), ce qui pèserait lourdement sur ses bénéfices.
Cependant, grâce à une diversification géographique réussie vers le Canada, l’Australie, la Corée du Sud, le Japon, etc., Sao Ta Foods a considérablement réduit sa dépendance vis-à-vis du marché américain.
De son côté, Bao Viet Securities estime que Vĩnh Hoàn fera face à une concurrence accrue sur le tilapia, un poisson à bas prix très populaire aux États-Unis.
De plus, le fait que plusieurs entreprises bénéficient désormais de taux antidumping faibles ou nuls ouvre de nouvelles opportunités d’exportation, mais rend la concurrence sur le marché américain encore plus difficile.
