L’industrie textile vietnamienne et le problème de l’autosuffisance en matières premières
Le chiffre d'affaires total des exportations vietnamiennes de textiles et de vêtements a atteint plus de 37 milliards USD en 2024 et environ 22,6 milliards USD au cours des sept premiers mois de 2025 (dont
Le chiffre d’affaires total des exportations vietnamiennes de textiles et de vêtements a atteint plus de 37 milliards USD en 2024 et environ 22,6 milliards USD au cours des sept premiers mois de 2025 (dont environ 40 % vers les États-Unis – avant l’application de la taxe réciproque de 20 % début août 2025).
Avec une taxe réciproque de 20 %, le Vietnam peut concurrencer avec d’autres pays sur le marché américain. Cependant, il faudra également attendre de voir comment les États-Unis évaluent les marchandises dites « en transit ». Les exportations vietnamiennes vers les États-Unis peuvent être soumises à une taxe pouvant atteindre 40 % si elles sont considérées comme du transbordement, c’est-à-dire la transformation de marchandises étrangères pour l’exportation.
Pour maîtriser l’industrie textile, nous devons maîtriser les matières premières, et plus précisément investir dans le tissage et la teinture pour produire des tissus. Le problème est que lorsque les IDE installées sur place et les entreprises nationales veulent discuter de projets de tissage et de teinture, toutes les localités refusent, pour des raisons « de protection de l’environnement ». Par conséquent, nous devons importer des tissus de Chine, car ce pays possède des compétences en la matière, c’est l’un des plus gros producteurs mondiaux.
L’industrie textile et de l’habillement a contribué de manière significative au développement économique et social, consolidant la position des produits vietnamiens sur le marché mondial, se classant au deuxième ou troisième rang, notamment sur des marchés exigeants comme les États-Unis, l’UE et le Japon, créant ainsi des emplois et un excédent commercial. Cependant, derrière ces chiffres de croissance impressionnants se cache une réalité persistante : la chaîne de valeur de l’industrie reste largement dominée par les entreprises à investissement direct étranger (IDE), qui captent la majeure partie des bénéfices générés par la valeur ajoutée.
Le Vietnam ne contrôle que la dernière étape, celle de la transformation des tissus importés en vêtements. Si cette situation perdure, cet espace se tarira progressivement et la concurrence d’autres géants du textile comme la Chine, l’Inde et le Bangladesh sera féroce. Dans cette compétition, le Vietnam sera encore plus faible, car il aura du mal à concurrencer la Chine, qui contrôle les matières premières et ne peut rivaliser avec l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan qui ont avec une main-d’œuvre mieux bon marché.
Selon M. Pham Tuan Anh, directeur du Département des techniques de sécurité industrielle et de l’environnement (Ministère de l’Industrie et du Commerce), plus de 60 % de la valeur des exportations du secteur textile et de l’habillement est actuellement le fait d’entreprises d’investissement direct étranger (IDE), alors que ce groupe ne représente que 24 % du nombre total d’entreprises du secteur. La principale raison est que les entreprises nationales continuent d’assumer principalement un rôle de simple transformation à faible valeur ajoutée.
L’un des principaux obstacles à la progression des entreprises vietnamiennes dans la chaîne de valeur réside dans leur dépendance aux matières premières importées. Actuellement, environ 65 % des matières premières utilisées par l’industrie du textile et de l’habillement doivent être importées de l’étranger, principalement de Chine, de Corée du Sud et de certains pays de l’ASEAN. Cette situation rend les entreprises vulnérables aux fluctuations commerciales, aux droits de douane et aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale. On peut affirmer que le problème de l’autosuffisance en matières premières n’est plus un problème technique, mais est devenu un facteur essentiel pour le maintien de la position des exportations de l’industrie vietnamienne du textile et de l’habillement dans un contexte de fluctuations constantes des chaînes d’approvisionnement mondiales. Si ce problème n’est pas rapidement résolu, les entreprises nationales risquent de se retrouver à la traîne.
Dans un tableau aux tons sombres, des points positifs témoignent des efforts des entreprises nationales. Un exemple typique est celui de Thanh Cong Textile – Investment – Trading Joint Stock Company (TCM), l’une des rares entreprises du secteur à avoir construit de manière proactive une chaîne de production fermée, de la fibre au vêtement final, en passant par le tissage et la teinture.